Stéphane Vojetta: “La simplification administrative est nécessaire pour les Français”
Le député de la 5ème circonscription des Français de l’étranger, Stéphane Vojetta, était de passage à Valencia pour sa cérémonie de vœux aux Français d’Espagne. Ce moment de partage et de convivialité fut aussi l’occasion, pour lui, d’exposer les grands enjeux de l’année 2024. Entretien.
L’enjeu principal – au niveau de la circonscription – est de poursuivre l’effort de simplification de la vie quotidienne des Français dans leur relation avec l’administration française.
Pourquoi avoir choisi la ville de Valencia pour votre cérémonie des vœux aux Français d’Espagne ?
J’étais particulièrement enthousiaste à l’idée de retourner à Valencia. Ma dernière visite en tant que député s’y était déroulée il y a deux ans et demi, en octobre 2021. Cela avait été mon premier déplacement officiel de député. L’an dernier, j’ai organisé mes cérémonies de vœux à Madrid et à Porto. Pour cette nouvelle année, je voulais sortir de mes sentiers battus.
En tant que député, mes activités m’amènent souvent vers des villes comme Paris, Madrid, Barcelone et Lisbonne. Or ma volonté est de me rapprocher des Français qui sont éloignés de ces grandes capitales et donc des consulats généraux. Car ces Français qui n’habitent ni Madrid ni Barcelone, veulent à juste titre qu’on ne les oublie pas !
L’idée était donc de marquer un symbole pour cette année 2024, qui verra le début de la mise en œuvre du processus de dématérialisation pour le renouvellement des passeports. Cette initiative est spécialement conçue pour les Français éloignés de leur consulat général, afin de leur épargner des déplacements inutiles. Il était normal que je sois auprès d’eux ce soir.
Justement. Pouvez-vous nous dire un mot sur la dématérialisation du renouvellement des passeports ?
Oui. Le but de cette dématérialisation est de laisser le choix aux Français qui habitent loin de leur consulat général d’opter pour un rendez-vous physique à Madrid ou une visioconférence avec un agent consulaire pour le renouvellement de leur passeport. Cette avancée est le fruit d’un effort soutenu de “lobbying” auprès du ministère des Affaires étrangères, du ministre délégué chargé des Français de l’étranger et du ministère de l’Intérieur. Nous avons finalement réussi à débloquer cette situation, d’autant que c’était un engagement de campagne du président Emmanuel Macron, mais les administrations traînaient des pieds.
Le processus de dématérialisation débutera donc au Portugal dans les prochaines semaines ; et j’espère que le test sera concluant et permettra au dispositif de s’étendre à tous les Français de l’étranger, notamment aux Français d’Espagne d’ici 2025. L’objectif, à terme, est qu’il n’y ait plus besoin de se déplacer à Madrid pour obtenir son passeport.
Selon vous, quels sont les grands enjeux pour 2024 dans votre circonscription ?
À mes yeux, l’enjeu principal – au niveau de la circonscription – est de poursuivre l’effort de simplification de la vie quotidienne des Français dans leur relation avec l’administration française. Cela inclut la dématérialisation des démarches pour obtenir un passeport et la simplification de la procédure de certification d’existence pour les retraités. Cela passe aussi par la dématérialisation des procurations – cela avance, même s’il reste des progrès à faire – , et des sujets qui ont trait à l’éducation et à la culture.
Il est essentiel de maintenir l’engagement de l’État auprès du réseau de l’enseignement français à l’étranger (AEFE), des instituts, des alliances et des associations. Il faut aider les associations FLAM et les associations du tissu culturel, notamment La Base Culture à Valencia, qui est un très bel exemple, et qui n’a pu bénéficier des subventions FLAM. Il faut s’assurer que ces subventions soient mieux et intégralement réparties, car trop de dossiers validés localement par les élus des Français de l’étranger sont encore bloqués par l’administration. Ce n’est pas normal.
Enfin, concernant le volet éducatif, le Lycée français de Valencia est un pilier de l’enseignement français en Espagne, et il est impératif de continuer à défendre sa structure actuelle et son équilibre financier. Mon objectif pour les lycées français en gestion directe est de leur permettre de financer par l’emprunt bancaire les travaux immobiliers nécessaires. Cela évitera de faire porter le coût aux parents d’élèves et devrait avoir pour effet de modérer l’augmentation des frais de scolarité.
Un autre sujet qui vous tient à cœur, dans la continuité de la loi influenceurs dont vous êtes à l’origine avec le député Delaporte (Loi qui réglemente l’usage commercial des réseaux sociaux et encadre l’activité des influenceurs, NDLR), est la régulation de l’usage des écrans pour les enfants.
En effet. Un de mes grands objectifs est de contribuer à la lutte contre les excès du numérique, et en particulier le fait que nos jeunes soient trop souvent laissés seuls face aux dangers des technologies et des écrans.
Je vais aussi soutenir et accompagner en Espagne l’élaboration de la loi espagnole sur les influenceurs, qui s’inspire directement de la législation que nous avons introduite en France l’an dernier. Nous avons été les précurseurs à l’échelle européenne et même mondiale, ce qui fait de nous une référence en la matière.
Je suis particulièrement fier de cette réalisation, accomplie de manière transpartisane, main dans la main avec un député socialiste. Cette démarche incarne une certaine manière de faire de la politique, sans trop s’attarder sur les différences idéologiques, en essayant simplement d’être utile sur les sujets qui comptent.
La Remontada relate également mon propre parcours : celui d’un enfant issu d’un quartier HLM d’une petite ville de province qui a réussi à faire carrière dans le secteur privé avant de devenir député de l’Assemblée nationale, en battant un ancien Premier ministre.
Enfin, nous ne pouvons pas ne pas parler de votre livre “La Remontada : Carnet de route d’un dissident”, qui retrace votre campagne électorale pour le moins rocambolesque lors des législatives de 2022 et votre confrontation avec Manuel Valls. Quel message souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?
C’est d’abord un message de volonté. La Remontada est un titre qui a deux niveaux de compréhension. Il évoque d’une part mon épisode politique face à Manuel Valls, mais il relate également mon propre parcours : celui d’un enfant issu d’un quartier HLM d’une petite ville de province qui a réussi à faire carrière dans le secteur privé avant de devenir député de l’Assemblée nationale, en battant un ancien Premier ministre.
C’est la démonstration qu’en France, comme dans la vie, des opportunités existent pour ceux qui sont prêts à les saisir. Quant à la campagne contre Manuel Valls, je voulais montrer qu’il faut apprendre à transformer les mauvaises nouvelles ou les problèmes en opportunités.
Dans une interview pour Lepetitjournal.com, vous mettiez aussi en avant l’importance de créer une plate-forme de l’emploi pour les Français de la circonscription. Qu’en est-il de ce projet ?
Tout à fait. C’est un projet qui me tient vraiment à cœur. Comment se réinvente-t-on professionnellement quand on vit à l’étranger ? Avec ma suppléante Nathalie Coggia, je me suis dit qu’il fallait mettre en place quelque chose d’utile pour aborder cet angle mort de la vie des Français de l’étranger et répondre à cette question. Nous avons donc décidé de créer une page web qui a pour objectif d’être un point de rassemblement pour tous les Français de la circonscription qui sont dans une situation de changement professionnel.
Nous prévoyons de lancer officiellement, et à grande échelle, cette plateforme en mars. Pour le moment, elle est en phase de test afin d’en peaufiner les fonctionnalités. Elle s’adressera aux étudiants, aux employés en reconversion professionnelle, aux personnes qui cherchent un emploi, aux salariés qui veulent devenir entrepreneurs. Bref, à toute personne qui recherche à la fois des contacts de qualité, des ressources et des opportunités de formation.
Nous aspirons à rassembler sous une même bannière tous les acteurs clés : intervenants associatifs, Chambre de commerce, French Tech, centres de formation, et réseaux d’anciens élèves, afin de faciliter l’accès au marché de l’emploi français et francophone au sein de la circonscription. À terme, la plateforme pourrait également intégrer un service centralisé d’offres d’emploi, relayant les propositions émanant de ces divers acteurs.
Ce que j’ai entrepris durant cette campagne, c’était de saisir une occasion unique pour taper du poing sur la table, montrer de quel bois j’étais fait, et garantir que, une fois élu à Paris, ma légitimité politique ne pourrait plus être remise en question. Cela a créé une histoire qui maintenant m’accompagne, et qui fait pour le coup l’unanimité. Tout le monde se reconnaît dans cette volonté de rébellion face aux impositions du système. Et cela me va très bien.
Quels sont vos vœux pour les Françaises et Français de la circonscription en 2024 ?
Beaucoup de santé ! Beaucoup de dématérialisation et moins d’écrans ! Et bien sûr, le maintien des engagements budgétaires de l’État, malgré la dématérialisation.
SOURCE & LIEN : LEPETITJOURNAL.COM