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Espagne : Emploi, vers une semaine de 37,5 heures

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Espagne-Emploi-Révolution : Vers une semaine de 37,5 heures 

Le 4 février 2025, le gouvernement espagnol a approuvé un avant-projet de loi visant à réduire la durée légale du travail de 40 à 37,5 heures par semaine, sans diminution de salaire. Cette initiative, portée par la vice-présidente et ministre du travail, Yolanda Díaz, marque une première en quatre décennies et pourrait transformer le quotidien de millions de travailleurs avant la fin de l’année.

 

Une réforme ambitieuse en quête de soutien

Après 11 mois de négociations, la mesure entre désormais dans l’arène parlementaire, où le chemin s’annonce semé d’embûches. La coalition au pouvoir, composée de socialistes et de la gauche radicale, ne dispose pas de majorité absolue. Si certains partis régionaux, comme la gauche catalane et les régionalistes basques, soutiennent la réforme, le parti Junts, dirigé par Carles Puigdemont, hésite entre l’attrait d’une mesure populaire et la défense des petites et moyennes entreprises, cœur de son électorat.

 

Le patronat sur le pied de guerre

 

Les organisations patronales, notamment la Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales CEOE, s’opposent fermement à cette réduction du temps de travail. Antonio Garamendi, président de la CEOE, a clairement exprimé son intention de lutter contre cette mesure, arguant qu’elle pourrait nuire à la compétitivité des entreprises espagnoles.

 

Des droits renforcés pour les salariés

 

Au-delà de la réduction du temps de travail, le projet de loi introduit des mesures visant à améliorer les conditions des travailleurs. Parmi elles, une revalorisation salariale pour les employés à temps partiel et le droit à la déconnexion en dehors des heures de travail. Un système numérique de contrôle des horaires est également prévu, permettant à l’inspection du travail d’accéder aux données des entreprises à distance, afin de garantir le respect des nouvelles règles.

 

Un pari sur la modernisation et la productivité

 

Le gouvernement présente cette réforme comme une étape vers la modernisation du marché du travail espagnol, visant à réduire l’absentéisme et à améliorer la productivité. Yolanda Díaz a déclaré que c’était un jour historique, rappelant qu’en Espagne, cela fait plus de 41 ans que la journée de travail n’a pas été modifiée. Selon elle, cette mesure va faire croître les salaires et améliorer la position des travailleurs.

 

Des inquiétudes persistantes

 

Malgré les intentions affichées, des inquiétudes subsistent quant à l’impact de cette réforme sur la productivité et l’organisation des entreprises. Le débat parlementaire s’annonce animé, opposant la défense du bien-être des salariés à la nécessité d’adapter les secteurs d’activité à cette nouvelle donne.

 

L’Espagne dans le sillage européen

 

Avec cette réforme, l’Espagne suit la tendance européenne initiée par la France avec les 35 heures et l’Allemagne avec le temps partiel. L’idée est de travailler moins, mais mieux, sans nuire à la compétitivité. Reste à voir si cette ambition passera l’épreuve du Parlement et comment elle sera appliquée. Une certitude, la question du temps de travail est plus que jamais au cœur des discussions en Espagne.

En somme, l’Espagne s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire sociale, avec une réforme qui pourrait bien changer la donne pour des millions de travailleurs. Mais comme toujours, le diable se cache dans les détails, et il faudra attendre les débats parlementaires pour savoir si cette révolution tranquille du travail ibérique deviendra réalité.

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